Recenzja Headache remastered – Froggy’s Delight
La mondialisation ou globalisation n’épargne rien et naturellement pas la musique. Et internet a effacé les dernières barrières qui pouvaient encore subsister. Plus encore, la musique est devenue un témoin privilégié de la polarisation et de la diffusion d’esthétiques influentes (pop, rock, hip-hop…) devenue dominante.
Sa dématérialisation a engendré une chute substantielle des ventes de disques mais également une nouvelle façon de la consommer et de l’écouter en même temps que son essor fulgurant.
On parlera alors de la transformation d’une mondialisation de la musique en musique mondialisée. On retrouvera donc aussi bien des groupes de métal au Népal (Antim Grahan) ou au Botswana (Wrust, Metal Orizon), de l’électro à Almaty, de la pop 60’s à Singapour (The Obedient Wives Club), de l’électro-rock en Equateur (Los Alkaloides), du rock indé en Croatie (Go No Go) et naturellement du rock en Pologne.
Alors que le groupe Polonais Trupa Trupa sortira un nouvel album début 2017 sur le label Ici d’Ailleurs, preuve qu’il porte définitivement bien son nom, présente une version remasterisée de ce Headache sorti initialement l’année dernière. C’est justement suite à un voyage en Pologne que le label manager du label Français découvre le groupe. Coup de cœur, coup de foudre immédiat. De prime abord, le groupe originaire de Gdansk avec ses réminiscences de Slint, Shipping News, Sonic Youth, Pavement, de Black Angels, voire même également de Can et sa façon d’appliquer à la lettre ou presque les codes du genre : légères dissonances sur des mélodies structurées, ostinatos rythmiques, bourdon et densité électrique, larsens n’ont pourtant rien d’exceptionnel.
Mais cela serait sans compter sans le fait que le groupe arrive à digérer ce large éventail d’influences et le soin indéniable qu’il porte à la composition, aussi bien dans la forme et la structure des morceaux que dans le fond pour les mélodies et l’atmosphère générale. Headache sonne de manière sombre et mystérieuse („Halleyesonme”, „Getting Older”, „Wasteland”…) hypnotique (voire même transcendantal) et électrique („Headache”, „Sacrifice”, „Give ’em All”, „Picture Yourself”, „Unbelievable”…).
Mais derrière cette électricité se cache toujours une émotion non torpide, comme un grondement, quelque chose de granitique, une tempête plus ou moins proche, un équilibre dans une tension intérieure. Nous ne crierons pas au génie comme Sasha Frere-Jones qui parlait d’eux comme „l’un des meilleurs groupes de rock actuellement en activité”, ce qui est un peu dans l’exagération mais il est indéniable que Headache vaut son pesant de caisses de Zubrówka…