Recenzja Of The Sun – Muzzart
Polonais déjà crédibles à l’occasion de leurs précédents albums (Headache puis Jolly new songs), dans une veine indé bien tenue, Trupa Trupa nous fait le bonheur d’un nouvel essai, qu’il appellera Of the sun.
A la fois tendu (Remainder, excellent, aux airs de Sonic Youth/Pavement) et nuancé avec panache, l’album rend une copie irréprochable. Les hommes de Gdansk y démarrent de façon saccadée; la batterie impulse, rejointe par la basse, un groove qui ne nous quitte pas (Dream about, plutôt rêveur, en ouverture). D’encarts psyché animés en salves plus appuyées, le combo de Grzegorz Kwiatkowski, Tomek Pawluczuk, Wojtek Juchniewicz et Rafal Wojczal justifie sa signature chez Glitterbeat, dédié aux courants audacieux. Il “pervertit” ses trames douces, met aussi une forme de douceur dans ses plans sauvages. Ses motifs, tels ceux qui jonchent le titre d’ouverture, font mouche.
On le sent déjà, surtout quand on connaît déjà Trupa Trupa; c’est une pièce maîtresse qui nous est ici livrée. Mangle, pénétrant dans ses penchants lancinants, le prouve. Le quatuor dompte sa force, en fait usage avec dextérité. A l’occasion d’Another day, il impose, à nouveau, une trame trompeuse dans son apparente tranquillité. Derrière, souvent, des tonalités plus obscures percent. Puis une finesse prenante, sur Angle, pointe le bout de ses notes.
Avec Longing, qui précède le tonnerre de Remainder, on investit des contrées déjà plus tourmentées, mais sans se séparer d’une brillance mélodique, de chants expressifs, qui renforcent le contenu. On sait, chez Trupa Trupa, marier le noisy et l’élégance dérangée. Anyhow, songeur, honore lui aussi un rock indé souvent à la fête sur Of the sun. La subtilité des efforts est porté par un rythme, et des sons, constamment attractifs. C’est le cas avec Long time ago, fougueux et bien dessiné. L’éponyme Of the sun, apaisé, dévoile ensuite des formes psyché sobres. Au ralenti, le groupe traverse les cieux, expérimente, et s’y retrouve complètement.
Plus loin, la batterie amorce un Glory insidieux, nouvelle réussite “maison” que des voix associées portent haut. Sûr de sa force, bien jugulée, Trupa Trupa ne flanche jamais. Turn, court et urgent, le voit développer une énergie punky, post-punk, rageuse. Remonté, emporté par une basse obsédante, le morceau finit ou presque, de manière idéale, un superbe disque. Car c’est à Satellite, dernière chanson aérienne elle aussi aboutie, à la terminaison sonique, que revient la tâche de conclure. C’est fait, avec brio, au terme d’un opus sans cesse perché dans les sphères de l’excellence.